Les types de texte
Le type narratif
vise à raconter un ou des événement (s). Il se caractérise le plus souvent par
-l'emploi du passé simple (et de l'imparfait)
-les verbes d'action (faire, entrer, se baisser, voyager...)
-les indicateurs temporels: dimanche dernier, hier, en 1945, au IV ème siècle av.JC, puis
Exemple: tiré de La Ficelle
Maître
Hauchecorne, de Bréauté, venait d'arriver à Goderville, et il se
dirigeait vers la place, quand il aperçut par terre un petit bout de
ficelle. Maître Hauchecorne, économe en vrai Normand, pensa que tout
était bon à ramasser qui peut servir ; et il se baissa péniblement, car
il souffrait de rhumatismes. Il prit par terre le morceau de corde
mince, et il se disposait à le rouler avec soin, quand il remarqua, sur
le seuil de sa porte, maître Malandain, le bourrelier, qui le regardait.
Ils avaient eu des affaires ensemble au sujet d'un licol, autrefois, et
ils étaient restés fâchés, étant rancuniers tout deux. Maître
Hauchecorne fut pris d'une sorte de honte d'être vu ainsi par son
ennemi, cherchant dans la crotte un bout de ficelle. Il cacha
brusquement sa trouvaille sous sa blouse, puis dans la poche de sa
culotte ; puis il fit semblant de chercher encore par terre quelque
chose qu'il ne trouvait point, et il s'en alla vers le marché, la tête
en avant, courbé en deux par ses douleurs
Le type descriptif
vise
à caractériser (définir les caractéristiques) d'un objet, d'un lieu ou
d'une personne. Souvent, on le reconnaît par ces indices:
-l'emploi de l'imparfait (s'il décrit au passé).
-les verbes d'état: être, sembler, paraître, avoir l'air...
-les adjectifs, les groupes de noms, des compléments circonstanciels et les relatives visant à caractériser:
La voiture rouge( adjectif)/de mon père (CDN)/qui est garée (relative),devant la maison (CCL)...
-les indicateurs spatiaux/ de lieu: en face de, à côté
de, devant, dans, sur, au-dessus...
Exemple: tiré toujours de La Ficelle
Sur
toutes les routes autour de Goderville, les paysans et leurs femmes
s'en venaientvers le bourg, car c'était jour de marché. Les mâles
allaient, à pas tranquilles, tout le corps en avant à chaque mouvement
de leurs longues jambes torses, déformées par les rudes travaux, par la
pesée sur la charrue qui fait en même temps monter l'épaule gauche et
dévier la taille, par le fauchage des blés qui fait écarter les genoux
pour prendre un aplomb solide, par toutes les besognes lentes et
pénibles de la campagne. Leur blouse bleue, empesée, brillante, comme
vernie, ornée au col et aux poignets d'un petit dessin de fil blanc,
gonflée autour de leur torse osseux, semblait un ballon prêt à
s'envoler,
'oùsortait une tête, deux bras et deux pieds.
Le type injonctif( ou prescriptif)
vise à conseiller, recommander ou donner les ordres. Il emploie l'impératif, le conditionnel présent ou
parfois l'infinitif:
Exemple tiré de la fin du Chevalier Double
Jeunes
femmes, ne jetez jamais les yeux sur les maîtres chanteurs de Bohême,
qui récitent des poésies enivrantes et diaboliques. Vous, jeunes filles,
ne vous fiez qu'à l'étoile verte ; et vous qui avez le malheur d'être
double, combattez bravement, quand même vous devriez frapper sur vous et
vous blesser de votre propre épée, l'adversaire intérieur, le méchant
chevalier.
Le type argumentatif:
L’objectif du
discours argumentatif est de soutenir un point de vue et de convaincre
un adversaire, soit pour modifier son opinion ou son jugement, soit pour
l’inciter à agir. Comment le repérer ? Quelles sont les différentes
marques de l’argumentation ?
1. Repérer le discours argumentatif
Le
discours argumentatif défend une thèse au moyen d’arguments étayés sur
desexemples. Prenons pour exemple ce texte où Sartre défend l’engagement
politique des artistes :
« Puisque l’écrivain n’a aucun moyen de
s’évader, nous voulons qu’il embrasse étroitement son époque […]. Je
tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit
la Commune parce qu’ils n’ont pas écrit une ligne pour l’empêcher. Ce
n’était pas leur affaire, dira-t-on. Mais le procès de Calas, était-ce
l’affaire de Voltaire ? La condamnation de Dreyfus, était-ce l’affaire
de Zola ? L’administration du Congo, était-ce l’affaire de Gide ? Chacun
de ces auteurs, en une circonstance particulière de sa vie, a mesuré sa
responsabilité d’écrivain » (Les Temps modernes,
n°1).
1.1. Les marques de subjectivité
Le
discours argumentatif est un énoncé ancré dans la situation
d’énonciation. Il est rédigé au présent d’actualité, le plus souvent à
la première personne (ex. : « nous voulons qu’il embrasse étroitement
son époque […] »).
Le locuteur est plus ou moins engagé dans son
argumentation. Pour exprimer clairement une position subjective, il peut
utiliser des modalisateurs, par exemple :
– des adjectifs et des
groupes nominaux mélioratifs (exprimant un point de vue positif,
valorisant) ou péjoratifs (exprimant un point de vue négatif,
dévalorisant) ;
– des verbes de sentiment (aimer, regretter, détester, etc.) et d’opinion (supposer, affirmer, penser, etc.) ;
Ex. : « Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression […] »
–
des adverbes et des locutions adverbiales de sentiment (hélas !,
heureusement, etc.), d’opinion (peut-être, sans doute, évidemment, bien
sûr, etc.) ou d’intensité (très, trop, suffisamment, etc.).
Pour
impliquer le destinataire dans son raisonnement, le locuteur utilise la
deuxième personne et a recours à des injonctions ou à des interrogations
rhétoriques.
Ex. : « Le procès de Calas, était-ce l’affaire de Voltaire ? »
1.2. Un discours organisé
Pour
être efficace, le discours argumentatif doit être organisé : les
arguments sont souvent reliés par des connecteurs logiques, qui
expriment l’opposition (mais, or, cependant, néanmoins, pourtant,
toutefois, en revanche, etc.), la cause (car, en effet,donc, c’est
pourquoi, aussi, ainsi, par conséquent, etc.).
La première étape
d’une argumentation correspond souvent à l’exposé de la thèse que l’on
veut défendre ou réfuter. Puis le locuteur présente des arguments ou des
objections, souvent étayés par des exemples (tirés de l’expérience
personnelle, de l’histoire ou de l’actualité).
Le schéma
argumentatif peut varier : le locuteur peut choisir de défendre sa
propre thèse et de passer sous silence la thèse adverse ; il peut aussi
commencer par réfuter la thèse adverse ou, à l’inverse, feindre de
concéder certains points à la thèse adverse afin de mieux disposer le
destinataire à accepter la sienne.
2. Comprendre les stratégies de la persuasion
Pour
convaincre, le locuteur s’adresse à la raison. Ainsi, pour défendrela
scolarité obligatoire, on peut recourir à différents arguments
rationnels : le principe de l’égalité, l’éveil à la citoyenneté ou
encore le calcul économique (investir aujourd’hui pour avoir demain une
main d’œuvre qualifiée). Le raisonnement peut aller du général au
particulier (raisonnement déductif), du particulier au général
(raisonnement inductif) ou conduire à la mise en parallèle de deux
situations (raisonnement analogique).
Pour persuader, le locuteur
s’adresse aux sentiments, à l’affectivité. Certains arguments visent
ainsi à provoquer la compassion, l’indignation.
Ex. : « Messieurs,
ne négligez pas ceci, vous ne le pouvez pas ; n’oubliez pas les 624 000
enfants, le septième de la population scolaire, qui, en 1876, ne
recevaient aucune instruction, n’apprenaient ni à lire, ni à écrire, ne
recevaient aucune notion de l’histoire de leur pays, aucune notion de
moralité générale. Ces enfants, pouvez-vous les laisser danscet état
inférieur ? » Discours de Paul Bert, le 4 décembre 1880